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- Bilan Trajet :
La distance totale parcourue s'élève à 4445 kms, dont 2200 kms environ d'autoroute en France et en Italie. Les remarques déjà faites lors du bilan Grèce 2005 sont toujours d'actualité. Deux péages en Italie, quatorze en France, qui nous ont coûtés 190 ¤ (1248 F), soit 0.086 ¤/km (0.56 F/km).
A l'aller, comme nous avions le temps, nous avons opté pour la RN113 Bordeaux-Toulouse plutôt que pour l'autoroute habituelle : c'était un mauvais calcul, tant cette nationale est pénible. Au retour, nous avons quitté l'autoroute à Nîmes pour aller visiter des amis dans les Cévennes, puis nous l'avons reprise à Montpellier jusqu'à Toulouse, et quittée de nouveau pour revenir à Bordeaux par Auch. Ces escapades à travers le Gard et le Gers nous ont données l'envie de redécouvrir notre si belle France.
- Traversée Italie-Sardaigne-Italie:
Comme il s'agissait pour nous d'une première sur ce parcours, et qu'il existe une multitude de possibilités pour s'y rendre, nous avons décidé sans réflexion véritable de faire confiance au magazine Le Monde du Camping-Car qui dans son numéro 173 préconisait le recours à la compagnie Linea dei Golfi, celle-ci assurant des traversées quotidiennes entre Piombino en Italie (en face de l'île d'Elbe) et Olbia, sur la côte nord-est de la Sardaigne. Pourquoi pas?
Nous avons navigué sur le Golfo Aranci, identique au Golfo degli Angeli, en option "camping à bord", faussement baptisé "open deck" puisqu'on voyage dans un pont couvert (le 4°) : seule une surface limitée à la proue est un véritable pont ouvert. Mais sans consentir à trois heures d'attente (au minimum) avant embarquement, il n'y a aucune chance d'être placé à cet endroit qui est farouchement pris d'assaut par les innombrables camping-caristes italiens. Le service "camping à bord" se réduit... aux seules possibilités de votre véhicule : ni sanitaires dédiés, ni branchement 220V ne sont proposés. On trouvera quand même, comme par inadvertance, deux cabines de douche chaude dans les toilettes du pont 5, entre la réception et le restaurant self-service. Le navire est rempli au chausse-pied, ce qui laisse très peu d'espace de circulation, d'ailleurs dangereuse avec les rétroviseurs excroissants et les vélos en porte-à-faux à l'arrière des CC. Il vous faudra beaucoup de chance pour être placé près d'une ouverture latérale qui apporte lumière, aération et vue sur la mer. Ce fut notre cas à l'aller et au retour, peut-être parce que les manoeuvriers savent qu'en notre petit fourgon nous aurions étouffé entre les murs de ces camping-cars italiens toujours imposants.
Gros avantage à signaler : la transaction a été effectuée en mars par internet. Le billet est arrivé par courrier quelques jours plus tard. Le tarif de 240 ¤ (soit 1577 F pou l'aller-retour, 3 personnes, CC moins de 5m) est complet et sans surprise. Les formalités d'embarquement sont réduites à néant. Il suffit de faire la queue dans la bonne file d'attente, et un employé muni d'une sorte de mini ordinateur-imprimante portable procède, environ une heure trente avant le départ, au check-in et délivre immédiatement le ticket d'embarquement à déposer sur son parebrise. Le sérieux Lloyds, à qui appartient la compagnie!.
- Carburant :
La consommation en gazole du LT varie en fonction de la conduite, c'est une évidence qu'il convient quand même de rappeler. Sur autoroute, je me satisfais d'un 100~110 kms/h constant, parfois moins; une fois sur place, je visite, je flâne, je musarde le bras à la portière à 70~80, pas plus. Résultat, 389 litres de gazole ont été absorbés pour 4445 kms, soit une consommation moyenne de 8,7 l/100.
Il a fallu débourser pour cela 476 ¤ (3127 F), soit un prix au litre moyen de 1,22 ¤ (8.01 F).
- Coût global:
Sans compter la nourriture, les campings (2 nuits sur 20), et les frais annexes ... le trajet autoroute+gazole+bateau coûte 905 ¤ (5946 F).
C'est incompressible, à moins de s'y rendre en char à boeufs, ou de voyager par la télévion, avec Thalassa...
- Itinéraire :
Arrivant à Olbia, il y a deux possibilités : se diriger vers le Nord, droit sur la fameuse Costa Smeralda, soit vers le Sud, à travers les monts Gennargentu par la sinueuse Orientale Sarde. Sans véritable raison, nous avons opté pour la seconde solution. Rien n'a été programmé sinon la découverte au grè de la route empruntée en flânant.Il était donc hors de question de suivre l'autoroute gratuite qui traverse l'île de part en part.
Ainsi donc, le tour complet de la Sardaigne a été effectué, sauf dans la portion Sud-Est, entre Gonnesa et Terralba, puisque nous avons repiqué vers l'intérieur à ce moment-là pour rejoindre Barumini et son nouraghe Su Nuraxi classé par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité (comme le Mont Saint Michel!), cela en passant par Carbonia avec son architecture mussolinienne carcactéristique, et la région minière sinistrée de Iglesias.
Premier constat : il y a très peu de routes côtières, et encore moins de routes de corniche. Deux raisons imposent cette réalité : l'une, historique, liée aux multiples invasions dont la Sardaigne a longtemps été victime, a fait déserter le littoral; l'autre, géographique, a interdit la construction de route dans des zones côtières généralement occupées par des salines ou des lagunes restées longtemps insalubres.
- Piège à touristes :
La configuration du réseau routier a des conséquences sur le tourisme : la mer est souvent inaccessible (côte Est), et lorsqu'elle l'est, c'est par une nouvelle route étroite qui mène directement à un parking payant, sans possibilité de s'arrêter avant. Pris dans la nasse! La pratique est fort courante et extrêmement désagréable. On peut même dire qu'elle s'est généralisée. Ainsi, pour visiter Tharos (Côte Ouest), il faut passer par une presqu'île étroite que verrouille San Giovanni di Sinis, village dans lequel il est absolument interdit de stationner en dehors de parkings payants. Encore plus fort : à Porto Cervo (Costa Smeralda), l'accès au port où se balancent très mollement les bâteaux de plaisance des plus riches fainéants de la terre, il faut payer pour passer avec son camping-car de pouilleux! Comme quoi l'argent appelle l'argent.
- La circulation :
On a beau être en Italie, la conduite automobile n'a rien à voir avec les impétuosités transalpines ordinaires. D'une manière générale, les Sardes sont calmes, discrets, pas bruyants et d'une affabilité remarquable. Aussi, peut-on rouler à soixante à l'heure et donc occasionner un ralentissement involontaire sans que personne ne manifeste sa mauvaise humeur par des "klacsonnades" intempestives. Il est rare d'être dépassé sur la ligne continue par une Fiat en sur-régime rageur, toute trompe hurlante sur un air de la Traviata.
Evidemment, chacun sait qu'il convient de profiter du moindre semblant d'arrêt possible pour laisser passer les suiveurs, et de reprendre sa route tranquillement. Tout le monde y trouve ainsi son compte.
Il en va différemment dans les agglomérations, où les rues sont généralement étroites, très encombrées, ou interdites au stationnment, voire au simple arrêt, quand elles ne sont tout bonnement pas interdites aux camping-cars et aux caravanes, ceci étant signalé par des panneaux indicateurs spécifiques. Heureusement que circulant en fourgon aménagé, nous avons pu pour notre part aller et sationner partout où nous l'avons voulu. Sachez cependant qu'avec les engins de plus en plus inutilement volumineux que dictent les tendances actuelles, il sera difficile en Sardaigne d'aller ailleurs que là où on vous l'imposera. Des grandes routes à quatre voies sont en construction, à l'image de celles, gratuites, qui existent déjà : je crains qu'au-delà d'un certain gabarit, il ne soit obligatoire de les emprunter, et que dès lors, elles deviennent payantes, comme beaucoup de choses dans ce pays qui aime que vous ayez le porte-monnaie à la main.
- L'usage libre du camping-car :
Il y a énormément de camping-cars qui circulent, italiens conduits par des Italiens du continent dans plus de 90% des cas : Rimor, Laika, McLouis, Mobilvetta, Roller, Arca... Rien que du gros. Une invasion, se déplaçant en groupe de trois ou quatre unités (pas toujours, bien sûr). On comprend donc que la pays ait cherché à réguler ce flux migratoire temporaire par des mesures sans cesse rappelées, que l'on peut résumer ainsi : le camping libre (et non sauvage, comme on dit d'habitude) est interdit partout. Il n'y a pas un bout de plage, une entrée de ville, un bois, un parking sans ombre qui échappe à l'interdiction
Tout le monde doit aller au camping, hors de prix, ou sur une aire de stationnement spécifique (aera camper) afin de bien rissoler au soleil dans un alignement parfait favorable à la maximisation du taux de remplissage.
En réalité, il y a loin de la loi à son application. On peut librement stationner, vivre et dormir partout dans son camping-car dans la mesure où aucun signe ostentatoire de camping n'est affiché : pas d'auvent déployé, pas de fauteuils, ni de table sortis, pas de linge séchant sur l'égouttoir mobile, pas d'eaux usées répandues sur la chaussée... Pour notre part, sur vingt nuits passées en Sardaigne, nous en avons concédées deux au camping (pour d'importantes lessives) : 30 ¤ la première avec branchement électrique, 36 la seconde sans branchement.
- La sécurité :
La Sardaigne, c'est l'Italie, et l'Italie, c'est plein de voleurs!
Voilà une idée reçue à laquelle il convient de tordre le cou. Les Sardes sont sardes avant d'être italiens, avec des traditions et une mentilaté originales, qui les fait différer grandement des continentaux, lesquels d'ailleurs les méprisent quelque peu, comme le parisianisme raille la plouquerie supposée des provinciaux.
Certes, des années soixante jusqu'à très récemment l'enlèvement crapuleux était une activité criminelle courante en Sardaigne. Le mal a été éradiqué. Est-ce en rémanence de cette période que la police est aussi omniprésente? Toujours est-il que quelque soit l'endroit où vous vous apprêtez à passer la nuit, vous avez la certitude de voir passer soit les carabiniers, soit la police, soit la police municipale (ou les trois), plusieurs fois même, sans que jamais il ne vous soit fait remarque de quoi que ce soit.
Pour l'anecdote : à Alghero, où le camping-car en tant que tel semble interdit de séjour, nous avons dormi sur le parking d'une cité, sur les hauteurs de la ville. A cõté, et un peu plus à l'écart, il y avait deux scooters... sans antivol, qui ont passé la nuit ainsi. Au matin, les propriétaires ont récupéré leur engin respectif pour aller au travail. La chose eût-elle été possible en France?
A cet indicateur très précis, nous croyons pouvoir dire que la Sardaigne est sûre.
- La nourriture :
Nous ne nous sommes pas attardés sur ce point. Mais je tiens à dire que nous avons dîné à plusieurs reprises d'olives charnues, de fromage de brebis (excellent!), de petits pains frais en boule (un régal) et de fruits, le tout arrosé de vin du pays. Et il y en a du bon : les rouges cannonau ou monica, les rosés d'Alghero ou de Dorgali, les blancs nuragus de Cagliari à peine "spumantes"... On n'oublia pas non plus de taquiner notre taux glycémique avec les fameux nougats aux amandes (torroni di Tonara), natures ou parfumés à la liqueur de myrte, ou à la crème de citron.
Il se trouve de tout dans les "supermercati" (Isa, Sisa, Connad, Sigma...), bien souvent pas plus grands qu'une épicierie de quartier de chez nous, dans le moindre village, où les achats peuvent être réglès avec une carte bancaire Visa ou Master. En bordure de route, pas fréquemment toutefois, on pourra acquérir fruits et légumes, voire fromages.
- Les raretés :
L'eau, en été, est relativement rare. On peut rencontrer bien des fontaines taries ou des robinets dépourvus du levier de manoeuvre. Il faut donc avoir les sens en éveil, et compléter le plein d'eau chaque fois que la possibilité s'en présente. Nous avons trouvé de l'eau après Orosei, sur la route de Dorgali, à l'entrée de la première carrière de marbre; puis sur la plage de Muravera. Et encore à Is Pillonis (avant Porto Pino), Siliqua, Barumini, Santa Giusta, Cabras, Cuglieri, Arzachena. Les toilettes publiques ou les douches sur les plages n'existant quasiment pas, il ne faut pas y compter pour remplir ses réservoirs. En revanche, on peut aller chercher l'eau dans un cimetière : nous l'avons fait!.
Autre rareté : l'ombre. Il faut courir pour dénicher un arbre dans un endroit ventilé si l'on veut déjeuner confortablement à midi, quand le soleil donne à plein.
- Conclusion subjective :
La Sardaigne nous a semblé belle, très variée, bien différente des poncifs visuels sans cesse exhibés. Certains endroits sont sauvages, inhabités, presque lunaires; d'autres paraissent sinistrés, beaucoup sont défigurés par des décharges sauvages, quelques-uns sont immondes (il nous a fallu parfois slalomer entre les déjections pour atteindre le nouraghe que l'on voulait voir)... et bien sûr la mer est magnifique, chaude, transparente et les rares pinèdes ou bosquets d'eucalyptus sont odoriférants. Les lauriers roses et les figuiers répandandent eux aussi leur senteurs au moindre souffle de vent. Les lagunes sont un paradis pour les ornithologues... Si l'on ajoute à cela la gentillesse des Sardes, on peut s'attendre à trouver dans l'île beaucoup plus qu'un simple rocher rouge qui trempe dans une mer turquoise
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