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- Bilan Trajet :
La distance totale parcourue s'élève à 5328 kms,
dont 900+900 kms d'autoroute en France, et
700+700 kms d'autoroute en Italie. On peut déjà
constater que:
Autoroute France :
le trajet Bordeaux Toulouse Montpellier Aix Menton
nécessite 8 péages, et, bien sûr, autant au
retour, pour une somme de 179 Euros et
1800 kms, soit 0,099 E/km.
Autoroute Italie :
à l'aller, le trajet Ventimiglia Genova Piacenza Parma
Ancona nécessite 2 péages, et au retour, celui de
Ancona Parma La Spezia Genova Ventimiglia ne demande
qu'un seul péage! Le tout pour la somme 91.5
Euros et 1400 kms, soit 0,065 E/km.
Il résulte que les multiples octrois (pour ne pas dire
: rackets) français mettent notre trajet autoroutier
1,5 fois plus cher que le trajet italien. Notons
aussi qu'il est convenu en France de se gausser de la
pagaille administrative transalpine ainsi que de son
esprit maffieux, mais en l'occurrence, force est de
reconnaître que la rigueur de gestion et la mise à
l'amende systématique de l'automobiliste ne se trouvent
pas du côté que l'on croit.
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Traversée
Italie-Grèce-Italie:
Comme nous avions déjà utilisé les sevices de
Minoan et Ventouris avec réservation
auprès de Navifrance, nous avons opté cette
fois-ci pour Anek Lines, avec réservation auprès
de Euromer, agence efficace et sérieuse. L'aller
Ancona-Igoumenitsa s'est effectué sur l'Hellenic
Spirit, et le reour Patras-Ancona sur l'Olympic
Champion, en option "camping à bord" sur chacun,
faussement baptisé "open deck" puisqu'on voyage dans un
pont couvert (le 6°). Ces deux bateaux sont identiques,
mais le service diffère. Sur l'Olympic, le
placement des camping-cars eut lieu en dernier, lorsque
des semi-remorques eurent bouché les arérations
dévolues à l'"open-deck"; de plus, des véhicules
particuliers avec chiens aboyeurs et alarmes
intempestives prirent place sur ce pont, ce qui fut
loin d'agrémenter une traversée sans air, bruyante,
étouffante avec une chaleur de 38° au beau milieu de la
nuit. Nous n'avions pas eu à déplorer ce type de
parquage sur l'Hellenic.
Quoiqu'il en soit, l'aller et retour réservé au même
moment, + frais de dossier, se monte à 417,25
Euros (2742 F).
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Carburant :
La consommation en gazole du LT varie en fonction de la
conduite, c'est une évidence qu'il convient quand même
de rappeler. Sur autoroute, je me satisfais d'un
110 kms/h constant; une fois sur place, je
visite, je flâne, je musarde le bras à la portière à
70-80, pas plus. Résultat, 496 litres de
gazole ont été absorbés pour 5328 kms, soit une
consommation moyenne de 9,3 l/100.
Il a fallu débourser pour cela 516 Euros
(3390 F), soit un prix au litre moyen de
1,04 E (6.83 F). A noter qu'en Italie et
en France, sur autoroute, le prix moyen est de
1.15 E (7.55 F), et qu'en Grèce, en
station service, il était courant de payer le litre de
gazole 0,88 E (5.78 F). Faites vos
comptes!
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Coût
global:
Sans compter la nourriture, les campings (9 nuits sur
35), les restaurants (tavernes), les babioles, les
frais annexes ... le trajet autoroute+gazole+bateau
coûte 1204 Euros (7910 F).
C'est incompressible, à moins de s'y rendre en
patinette.
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Itinéraire grec
:
Rien n'est programmé par avance, on flâne.
Igoumenitsa, Parga, Messopotamo, Preveza, Vonitsa,
Amphilohia, Agrinio, Messolonghi, Patras, Egio,
Xilokasastro, Kiato, Korinthos, Loutraki, Perahora,
Alepohori, Psita, Vilia, Erithrès, Thiva, Halkida,
Eretria, Amarinthos, Karistos, Halkida, Vahi, Athina,
Megara, Isthmia, Nea Epidauros, Trahia, Fanari, Kaloni,
Galatas, Ermioni, Kranidi, Kilada, Nafplio, Tripoli,
Megalopoli, Kalamata, Messine, Koroni, Finikoundas,
Methoni, Pilos, Giolava, Marathopoli, Filiatra,
Kiparissia, Pirgos, Katakolo, Gastouni, Loutra Kilinis,
Kilini, Lakopetra, Kato Alissos, Patras.
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Coût de la vie
:
L'Europe a unifié la monnaie, mais aussi le prix des
choses, ainsi que le goût et l'aspect pasteurisé de
bien des denrées alimentaires. Dans les grands magasins
AB, Spar, Champion, Lidl... la cellophane est
omniprésente, et presque tout est aussi cher que chez
nous, sinon plus.
Heureusement, les grosses olives charnues, dont on se
sert à la louche dans des bacs de bois, sont toujours
présentes; les fruits et légumes non calibrés, à
l'apparence rustique restent très bon marché et
goûteux. D'ailleurs, on préfèrera les acheter
directement aux producteurs, en bordure de route.
Concombres, poivrons, tomates biscornues, énormes et
croquantes, oranges de toutes tailles et bosselées,
juteuses à point, pastèques, melons... sont vendus à
des prix défiant toute concurrence : il serait dommage
de s'en passer.
En revanche, il est inutile de se précipiter sur
l'huile d'olive, chère : on trouve en France des huiles
de Crète de qualité à meilleur prix. On sacrifiera à la
féta, chère, mais incomparable... et indispensable dans
la salade.
Les restaurants, tavernes et guinguettes pullulent,
partout, même dans les endroits les plus inattendus,
avec tables et chaises sur les trottoirs, ou en
terrasses ombragées surplombant la mer. Familialement
fréquentés le soir jusqu'à des heures avancées de la
nuit, ces établissements sont une institution qui
remplissent les rues d'odeur de grillades et de vie
jubilatoire. On dit que les Grecs sont les européens
qui dînent le plus hors de chez eux : c'est vrai. De
retour en France, vous avez le sentiment d'entrer dans
un cimetière tant la vie y est absente dans les rues
après 20 heures. Cependant, le prix des repas en
taverne est en constante augmentation, bien qu'il reste
encore abordable.
Le carburant est un peu moins cher, les autoroutes
(Halkida-Athina-Korinthos, par exemple) ne coûtent
quasiment rien. Il y a cependant des arnaques
manifestes comme le pont de Patras (25,6 Euros),
ou les ferries Igoumenitsa-Corfou, payables uniquement
en liquide (cash only, please) à 56 Euros
l'aller, et autant au retour, pour un CC de moins de 5
m.
-
Parc automobile
:
Le temps où l'on croisait des ânes montés sur les
routes de montagne, ou des motoculteurs avec la famille
entassée sur le banc de bois de la remorque, ou des
pick-up 4x2 japonais, ce temps est en cours de
disparition, pour ne pas dire qu'il est carrément
révolu.
Les Grecs roulent beaucoup en Mercedes et BMW mais
surtout en très gros 4x4 asiatiques. Quant aux
agriculteurs, ils vont pour la plupart dans des pick-up
4x4 rutilants de chrome. Les voitures françaises ne
sont pas légions : quelques Citroên et Peugeot,
quasiment aucune Renault. Il faut dire que dans un pays
qui a mis l'harmonie en équation sur la base du nombre
d'or, on verrait mal que les habitants circulassent
dans ces mochetés ambulantes que sont les Méganes,
Scénic, Modus, Vel Satis et autre Avantime qui ont
l'air cabossé au sortir des chaînes!
Les Grecs sont civilisés, ils ont donc bon goût.
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Le respect des
lois :
Ici, on a inventé la démocratie. Et une démocratie est
garantie par un ensemble de lois que chacun se doit de
respecter.
Les Grecs respectent les lois, bien sûr, mais on
constate cependant que si le port de la ceinture de
sécurité est obligatoire, personne ne la boucle; que
s'il est interdit de rouler sur la bande d'arrêt
d'urgence, tout le monde l'emprunte pour faciliter un
dépassement; que si le camping "sauvage" est prohibé,
il est en fait largement accepté, et sans doute jamais
sanctionné; que si le camping est interdit dans les
dunes et pinèdes, il n'est pas un week-end sans que les
Grecs n'y plantent la tente, ou la caravane (parfois à
demeure) sous l'oeil passif de la police et des
pompiers qui veuillent au bien-être de ces braves gens;
que si un véhicule se doit d'être identifiable, on en
voit rouler sans immatriculation, ou sans phares, ou
rendus à l'état de dentelle de rouille (vous avez dit :
contrôle technique?)...
Et que dire du stationnement en double ou triple file,
le temps d'acheter le journal? Ou de l'arrêt en pleine
rue pour discuter avec une connaissance, sans que dans
la circulation interrompue un molotru se laisse aller à
une klaxonnade incongrue?
On sait vivre, en Grèce, avec bonhommie, dans un joyeux
bazar qui démontre un amour immodéré pour la liberté,
ainsi qu'une bienveillance à l'égard d'autrui peu
commune. Pourvu que ceci ne change jamais!
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La vie de famille
:
Est-ce dû à la religion orthodoxe qui a préservé
l'identité grecque pendant les quatre siècles
d'oppression ottomane, toujours est-il que la famille
semble être l'entité inébranlable et sacrée de la
société.
Il n'est que de regarder les gens flâner le soir, ou se
rendre à la plage : ici, pas de jeunisme destructeur.
Toutes générations confondues, du dernier-né à l'aïeul,
on se promène ensemble, on pique-nique ensemble, on
dîne à la taverne ensemble, on bronze et on se baigne
ensemble. Rarement il est donner de voir des
grands-parents accorder autant d'attention aux petits
enfants, leur parler, jouer avec eux, les prendre par
la main, les porter... les construire dans l'amour.
On sent bien que des relations solides et vraies
existent, qui tendent un tissu familial fait d'un
respect allant de soi, où s'expriment des affections
réciproques. Ce faisant, les Grecs sont en phase avec
l'orthodoxie qu'ils pratiquent au quotidien pour la
plupart d'entre eux. Il suffit de s'asseoir dans la
pénombre d'une église pour constater combien est
vivante la dévotion grecque.
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Troisième âge
:
Si le troisième âge en France est celui où l'on se
trouve projeté sans recours dans l'anti-chambre de la
mort, en Grèce, il est l'âge qui fait de vous un
ancien. C'est-à-dire quelqu'un qui a une vie
sociale et affective, vécue au grand jour et non
dérobée aux jeunes regards derrière des murs
d'asiles.
Les anciens, on les voit partout : au bar, à la
taverne, sur le port, à l'église, à la pêche, à la
plage... non pas tristes et seuls, mais le plus souvent
en grande discussion. Ils existent, et ils le
manifestent.
Les anciennes, elles, semblent accomplir un rite
: soir et matin, par groupe de trois ou quatre, elles
se rendent à la plage. Le temps de se mettre en tenue
de bain, d'autres groupes arrivent. Et tout ce beau
monde se précipite à l'eau, nage, rigole, parle fort,
et s'immmobilse si bien qu'à la fin on ne voit plus que
des chapeaux ou des bobs comme autant de ballons
bavards posé sur la mer.
Ailleurs, pendant ce temps, on avale des pilules en
prenant rendez-vous chez un médecin.
C'est pour cela que j'aime la Grèce : parce que la vie
n'y est pas interdite de séjour. Je crois qu'on peut
dire qu'il s'agit là d'un signe évident de
civilisation. Quand le signe est absent, on peut parler
de barbarie. Ce signe est-il encore visible chez
nous?
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Et les ruines?
:
Il y en a, et de belles, qui témoignent d'un passé
grandiose, bien antérieur aux Romains, aux Byzantins,
aux Francs, aux Vénitiens, aux Génois et aux Turcs qui
ont foulé et piétiné la Grèce. On peut ne pas les voir
toutes, mais Delphes, Epidaure, Dodone ou
Athènes sont "incontournables" pour qui veut
s'émouvoir sur nos origines culturelles profondes. Car,
en une époque où chacun glorifie ses racines, il serait
bon que notre occident se souvienne qu'il doit tout aux
Grecs : théâtre, philosophie, mathématiques, fables,
architecture, politique... Il n'est pas un de ces
domaines qu'un nom grec ne vient illuminer : Esope,
Hérodote, Euclide, Pythagorre, Thalès, Praxitèle,
Epicure, Aristophane, Apollonios, Socrate, Platon,
Aristarque de Samos, Sapho, Sophocle, Eschyle,
Euripide, Homère, Solon, Euphronios, Palamède,
Archimède, Périclès, Phidias... j'en passe et des tout
aussi remarquables.
C'est également pour cela que j'aime la Grèce : parce
qu'elle a développé les pensées spéculative, artistique
et scientifique qui ont fondé notre société
occidentale, si décriée par ceux qui en jouissent, et
si convoitée par ceux qu'opprime leur théocratie
obscurantiste.
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